En 2003, Julien Lance crée son studio de graphisme. Aujourd’hui, Colegram fait partie des agences de communication full-service qui comptent sur la place genevoise. Compacte, elle a su s’adapter habilement au tournant digital.
« Quand j’ai créé ma société, je voulais m’appuyer sur une image ludique et décomplexée pour réconcilier le graphic design et la communication. J’ai choisi le symbole du coin-coin pour dire : j’aime le papier, le print, le graphisme et je transforme tout cela dans la même cuisine », explique Julien Lance. Ce créatif-né, titulaire d’un master en Lettres (« beaux-arts » en troisième branche), étonne un jour un professeur quand il lui rend un travail de séminaire parfaitement mis en page et illustré de photomontages. Aussitôt, il se voit confier un premier job de moniteur en bases de retouches et de composition de documents au sein de l’Alma mater. Le profil cultivé et malicieux de Colegram saura, par la suite, séduire les entreprises culturelles (la Fnac, par exemple), mais également les grands comptes ou encore l’Etat genevois.
Les quatre « e »
Après une courte période de démarrage focalisé sur ses activités de design print, Colegram entreprend la réalisation de son site. Ses clients, séduits, lui demandent très vite de s’occuper du leur. Le papier perd du terrain mais la passion du travail bien fait demeure. La philosophie de l’agence se résume en quatre « e » : exactitude, efficacité, ergonomie et esthétique. Une exigence perceptible dans le rendu de la plupart des réalisations, de la création de logos aux rapports annuels, en passant par le packaging et le corporate ou le web design.
Colegram outrepasse gentiment son activité branding et d’édition et s’installe sur le web.
« Un logo a de l’importance partout, quel que soit le terminal de sortie. L’identité visuelle est de plus en plus importante sur le web, un terrain où notre savoir-faire devient une valeur ajoutée. Internet permet aujourd’hui d’aller bien plus loin qu’auparavant dans la construction typographique.»
Récemment, Colegram a refondu le site du Musée international de la Réforme (l’un de ses premiers clients, dont elle a créé jusqu’au packaging des objets vendus à l’échoppe), collaborant avec une entité plus spécialisée sur la partie développement. Très souvent, c’est un rôle autant pédagogique que créatif que l’agence joue auprès de ses clients de PME : « en marge du design, on débroussaille la jungle de la communication digitale pour aider nos clients à comprendre non seulement comment ça marche, mais surtout à quoi ça sert. Notre site publication-digitale.ch témoigne bien de cette démarche.» Pour la Fondation Officielle de la Jeunesse (organe faîtier des foyers pour enfants en difficulté à Genève), Colegram a refondu et repositionné un journal qui cherchait un nouveau souffle. En portant la réflexion sur son utilité réelle, mais surtout potentielle, l’agence a suggéré la contribution de spécialistes du domaine universitaire de l’éducation ; des passerelles sont progressivement créées avec d’autres institutions pour développer le lectorat et améliorer l’image de la fondation. Un projet également conçu comme une réflexion sur l’édition aujourd’hui, notamment en termes de coûts et de lectorat réel. L’une des options prises a été de réduire le tirage print pour amortir progressivement les coûts de la version électronique sur les économies réalisées. Autre solution à la fois efficace et ergonomique pour le rapport annuel du même client : l’adoption d’un format unique (iPad) pour les deux versions papier et électronique.
Nouveaux défis
Le Bureau international de l’Education (UNESCO) a posé récemment à Colegram un nouveau défi intéressant : la conception d’une identité visuelle qui devra s’adresser à toutes les cultures, notamment arabe. Et la Cité universitaire a chargé l’agence de l’ensemble de la signalétique de ses nouveaux bâtiments. « Un très grand projet architectural, avec près de 80 nationalités représentées. Nous avons donc travaillé autant que possible sur une base de pictogrammes originaux. » Dans le print, cette fois, une marque horlogère de renom a confié à l’agence la réalisation d’un grand livre historique, qui vient d’être distribué à Bâle. « Lors de la conception de l’enveloppe, nous avons repris le côté vintage, cher à la marque, du dossier à soufflet. Et pour rythmer le livre, nous avons créé un symbole ayant la forme d’une timeline circulaire qui rappelle le ressort d’une montre et qui, décomposé, permet de retrouver un lien illustratif avec des chronographes. » Une jolie réussite à la fois graphique et conceptuelle qui sert d’écrin historique et reprend toute l’histoire de la marque.
Pour compléter le tableau, l’agence lance ces jours-ci la campagne publicitaire de la nouvelle Banque du Léman, à laquelle elle a également apporté son expertise graphique. L’état d’esprit actuel de Colegram ? « Nos mandats et nos rythmes de travail sont très variés, entre les clients dont les publications tombent à échéances régulières dans l’année et d’autres qui nous appellent inopinément pour une annonce à produire dans la journée. » Plus concrètement, l’agence s’apprête à se donner plus d’espace en récupérant l’arcade voisine. « Cela nous laisse la possibilité d’envisager l’avenir sereinement dans ce petit coin de quartier que l’on aime bien. » Fait curieux : depuis son installation à la Rue Caroline, Colegram a toujours choisi de travailler « en vitrine », allant jusqu’à placer sa salle de conférences à l’endroit le plus exposé aux passants. Application concrète d’une volonté de transparence ? Julien Lance s’en amuse : « Quand cela gêne le client, on peut toujours déployer notre paravent rouge. »